L'ASCÉTISME SELON CHEIKH EL HADJ OMAR FOUTIYOU TALL

Abstract

Le zuhd (l’ascétisme) se définit souvent comme la diminution des convoitises. Il est, en un sens très général, l’effort ascétique qui doit dépouiller l’âme de toute attache au créé. Ainsi ce détachement des choses mondaines, disent les soufis, procure-t-il au cœur la quiétude alors que le fait de les convoiter n’apporte que de l’angoisse et de la tristesse. C’est ce qui fait dire à El Hadji Omar que l’agrément de Dieu réside dans le renoncement aux mondanités tout en évitant que le cœur s’y attache. Force est de se demander si l’acte de se détacher du monde signifie le fait de le sortir de son cœur et non de ses mains alors que le cœur y est attaché ou signifie-t-il le fait de s’en laver totalement les mains pour être en dépendance à l’égard des autres ? Deux catégories doivent être, au moins, selon El Hadji Omar, exclues de l’ascétisme : Le pauvre qui s’arc-boute à son dénuement pour s’imposer une vie d’ascète et l’apathique faisant du zuhd un subterfuge pour renoncer au travail. Et c’est la raison pour laquelle, El Hadji Omar a maille à partir avec les soufis esseulés, repliés sur eux-mêmes, isolés dans leurs lieux de retraite spirituelle où ils se cachent, livrés à un désœuvrement maniable, étant persuadés qu’ils se sont élevés à la pureté fondamentale ou faisant sien l’ascétisme pour s’abandonner béatement à l’inaction, pensant alors que la sainteté (alwilâya) consiste à vivre en vase clos. Pratiquer l’ascétisme, à son sens, ne
signifie aucunement croupir dans l’oisiveté ni verser dans
l’anachorétisme.